CIEME - Collectif Interassociatif Enfance et Média

Site officiel du Collectif Interassociatif Enfance et Média

    Evenement
  • >> “Tourner l’apathie citoyenne actuelle en activisme citoyen”
    En savoir plus
  • >>Les émissions de téléréalité - Audition auprès du CSA, le 24 juin 2011, de Christian Gautellier, Vice-Président du CIEME

    17 octobre 2011
    Auteur : 
    Christian Gautellier
    Christian Gautellier est intervenu sur quatre points, après avoir fait un certain nombre de constats à propos des émissions de téléréalité.

    Des constats sur la réalité de ces émissions

    - Images des jeunes très dégradées, celles des femmes notamment (cf. Secret Story et Next).

    - Le rapport entre les individus, promu autour de l’exclusion, de l’élimination (le bouc émissaire), loin des valeurs d’entraide, de coopération, de solidarité (même lorsqu’il s’agit d’épreuves aux contextes sportifs, loin des « règles » sportives qui sont la loyauté, le respect des adversaires, que le meilleur gagne, …).

    - La dimension de la réussite en lien avec l’enjeu monétaire (des sommes exorbitantes…).

    - L’individualisme dans un contexte où domine l’affectif.

    - La présence dans les épreuves du hasard et de l’arbitraire (rapprochement avec les jeux du hasard et d’argent : cf. « arbitraire des gains »).

    - Humiliation et exposition de l’intimité

    - etc

    « Dans toute société, les jeux sont régulés par des valeurs, la culture… Les jeux construisent des représentations, des attentes… Un rapport au collectif… ». Lorsque ces valeurs sont en décalage voire contre la société, il y a un brouillage des repères d’autant plus fort pour les
    pré-adolescents, non encore socialisés à celles-ci ou fragiles.

    La question des valeurs

    Ces émissions portent des « valeurs anti-éducatives ». Elles participent à la fragilisation du socle même du « vivre ensemble » dans nos sociétés. Elles sont en opposition à ce qu’une société veut construire et investit dans ses lieux d’éducation.
    On pourrait dire que cela n’est pas grave, que l’on dramatise, mais lorsqu’on lit les résultats du bilan 2010-2011, du CSA sur la « Protection de l’enfance et de l’adolescence » et qu’on y voit quel poids ces émissions de téléréalité occupent dans l’audience du jeune public (4-14
    ans), les éducateurs que nous sommes ne peuvent que tirer la sonnette d’alarme !
    (L’émission de téléréalité « Les Aventuriers de Koh-Lanta » a représenté la majorité des 10 programmes préférés des 9-10 ans en 2009. Pour les 11-14 ans, ces programmes constituent 23 des 100 meilleurs audiences, parmi lesquelles 7 se classent dans les 10 meilleures…).

    Le CIEME pose la question de la responsabilité sociale, éthique des éditeurs de contenus (Politique d’amont).

    L’enjeu de la régulation publique

    Les programmes d’émissions de téléréalité doivent s’inscrivent au regard du public jeune, dans le cadre des outils de régulation publique, notamment ceux liés aux plages horaires, en fonction des tranches d’âges des enfants qui sont potentiellement devant la télé (cf. la
    signalétique).
    Ces émissions ne doivent pas être programmées aux heures favorables à la consommation enfantine, ou aux heures de grande écoute.

    Le CIEME demande que la régulation publique soit mobilisée face à la téléréalité.

    Une offre d’émission jeunesse à conserver et à renforcer

    On voit petit à petit ces émissions de téléréalité glisser vers les créneaux horaires fréquentés (fin d’après-midi, par exemple) pour les enfants. L’on observe ainsi un affaiblissement de
    l’offre d’« émissions jeunesse » au profit d’émissions de téléréalité, dans un contexte budgétaire et de coût moindre.

    Le CIEME demande que la production d’ « émissions jeunesse » soit renforcée avec notamment la reprogrammation de magazines, de fictions, d’émissions d’éducation aux médias.

    La dimension économique et l’argent public

    Les émissions de téléréalité s’inscrivent dans une concurrence déloyale par rapport à la fiction par des coûts moindres. Et ces émissions engendrent des bénéfices financiers importants. Elles s’inscrivent dans la logique de « marchandisation » du média télé et de ses dérives.

    Le CIEME demande à ce qu’aucune aide publique à la production ou à la création à travers les logiques de quotas, ou de fonds de soutien ou d’aide fiscale directe ou indirecte, ne soit apportée aux émissions de téléréalité.

    Contact : Christian Gautellier